La maladie de Crohn

 

La maladie de Crohn est une inflammation chronique qui peut toucher, simultanément ou successivement, un ou plusieurs segments du tube digestif, de la bouche à l’anus. Elle est le plus souvent localisée sur la partie terminale de l’intestin grêle qui relie l’estomac au côlon (iléite), le côlon ou « gros intestin » (colite) ou les deux (iléo-colite). (1)



Données clés en France

Plus de 120 000 personnes sont
atteintes de la Maladie de Crohn
en France (2)

On compte 5 à 10 nouveaux cas
par an pour 100 000 habitants (2)

L’âge moyen au diagnostic se
situe entre 20 et 30 ans (1)

Les femmes sont légèrement
plus atteintes que les hommes (1)

La maladie de Crohn représente
70 % des MICI (maladies
inflammatoires chroniques de
l’intestin) chez les enfants (1)



Les symptômes de la maladie de Crohn




La maladie de Crohn entraîne une inflammation chronique de la paroi intestinale, ce qui provoque différents symptômes.(1)
L’apparition de symptômes non digestifs (on parle de symptômes extra-digestifs) montre à quel point cette maladie peut affecter tout
l’organisme.(1)

Certains de ces symptômes peuvent par ailleurs être associés à d’autres maladies et donc retarder le diagnostic de plusieurs mois. (1)

Symptômes généraux (1)

  • Fatigue
  • Amaigrissement si les poussées durent plusieurs semaines
  • Anémie par carence en fer ou en vitamine B12
  • Cassure de la courbe de poids et de taille chez l’enfant et l’adolescent

Symptômes digestifs (1)

  • Douleurs abdominales (spasmes, brûlures)
  • Perte d’appétit, nausées, vomissement
  • Diarrhées impérieuses
  • Douleurs anales, possibles écoulements de glaire ou de sang

Symptômes extra-digestifs (1)

 

Ils peuvent apparaitre au début de la maladie (symptômes inauguraux) ou au cours de la maladie.

  • Douleurs articulaires pouvant toucher les chevilles, les genoux, les poignets. On parle alors d’arthropathies périphériques et axiales qui sont des manifestations articulaires qui peuvent être associées aux MICI. (1,3)
  • Atteintes dermatologiques : érythèmes ou psoriasis (maladie auto-immune) se manifestant par des plaques rouges plus ou moins douloureuses, ou aphtes (lésions à l’intérieur de la bouche qui cicatrisent de façon naturelle). (1)
  • Problèmes oculaires, comme les uvéites, qui sont une inflammation d’une partie de l’oeil. Cette inflammation se manifeste par l’oeil rouge, douloureux et larmoyant. Elle peut également entraîner des troubles de la vue. (1)
  • Complications extra-digestives : carences en micronutriments (1), ostéoporose (fragilité osseuse prédisposant au risque accru de fracture(4), calculs rénaux (5) (concrétion de sels minéraux formant des « cailloux » et pouvant gêner le passage de l’urine). (6)


Une maladie progressive


La mise en place d’une prise en charge adaptée par votre équipe soignante a notamment pour objectif d’améliorer votre état de santé général et votre qualité de vie.

Néanmoins, des complications graves peuvent apparaître chez certains patients et nécessiter une prise en charge urgente. (7)

Fistule anale (7)

Les fistules anales sont des complications assez classiques des MICI. Il s’agit d’une connexion inhabituelle entre la glande d’Hermann, située à l’intérieur de l’anus, et la peau de la région périanale. La fistule est créée après une infection de ces glandes. Elles sont douloureuses et peuvent être accompagnées d’abcès.


Fissure anale (8)

Les fistules anales sont des plaies qui apparaissent au niveau de l’anus. Elles sont douloureuses et peuvent causer une gêne importante au quotidien.


Sténose intestinale (7)

Les sténoses intestinales sont dues à l’épaississement des muqueuses de l’intestin au cours du temps si la maladie devient sévère ou lorsqu’une inflammation devient chronique. Cela peut entraîner une réduction du transit intestinal, on parle alors d’obstruction intestinale, qui nécessite généralement une hospitalisation.
Les sténoses intestinales peuvent se manifester, entre autres, par des douleurs abdominales, des ballonnements, des nausées, voire des vomissements de matières fécales.


Perforation de l’intestin (7)

La maladie de Crohn rend les parois de l’intestin très fragiles avec le temps, ce qui augmente le risque de fissure ou de rupture. Peut s’ensuivre une infection de la cavité abdominale (appelée également péritonite) ou la formation d’abcès dans cette cavité. Une intervention chirurgicale en urgence est nécessaire afin de réparer la perforation.


Troubles des voies biliaires (7)

L’inflammation provoquée par la maladie de Crohn peut atteindre les canaux biliaires qui conduisent la bile du foie à l’intestin grêle. Cette inflammation et l’épaississement de ces canaux (cholangite sclérosante primitive) augmentent le risque de cancer des voies biliaires ou du côlon.


Cancer du côlon (7)

L’inflammation chronique du tube digestif, en particulier du gros intestin dans la maladie de Crohn, crée un terrain propice au développement d’un cancer après plusieurs années de maladie. Un dépistage de ce cancer est fait systématiquement chez les patients après 8 ans de maladie.



Une maladie auto-immune et chronique


La maladie de Crohn serait une maladie dite auto-immune. (7) Le dérèglement du système immunitaire contribue à la libération de molécules responsables du processus d’inflammation. (1)

C’est une maladie chronique, ce qui veut dire qu’elle dure et évolue dans le temps.

Elle est caractérisée par des pics inflammatoires appelés « poussées » et des périodes d’accalmie appelées « rémissions ». Les périodes de poussées peuvent être de durées et d’intensités variables. (1)

Il n’est pas possible de prédire la fréquence des poussées et rémissions. (7)


L’objectif de votre équipe soignante sera de soulager les symptômes lors des poussées et de prolonger les périodes de rémission. (7)

Evaluation de l'activité de la maladie de Crohn (1,7)

Pour mesurer le degré d’activité de votre maladie pendant les poussées, votre médecin peut utiliser différentes méthodes.

Les critères cliniques prennent en compte toutes les manifestations de votre maladie au moment de l’examen. C’est par exemple :

  • votre bien-être général
  • les douleurs abdominales
  • le nombre de selles liquides
  • des symptômes en dehors des intestins (dits extra-intestinaux)

Les critères biologiques, quant à eux, sont déterminés par le taux de certains marqueurs, soit dans votre sang (protéine C-réactive) soit dans vos selles (calprotectine fécale).

Ces deux types de critères permettent de déterminer le niveau d’inflammation, mais également votre ressenti et votre gêne au quotidien.

 



Une maladie multifactorielle


Les origines et les mécanismes de la maladie ne sont pas complètement connus. Plusieurs facteurs de risque ont néanmoins été identifiés. (9)


Des prédispositions génétiques

Si d’autres membres de votre famille sont atteints de cette pathologie, la probabilité de développer une MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin) augmente de 6 à 10 %. (9)

L’analyse de l’ADN de plusieurs personnes atteintes de la maladie de Crohn a mis en évidence une trentaine de gènes qui prédisposent à cette maladie. Néanmoins, la maladie de Crohn est une maladie complexe, le volet génétique n’est donc qu’une partie des origines de la maladie. (7)


Un dysfonctionnement du système immunitaire

Le dérèglement du système immunitaire est l’une des causes de la maladie de Crohn les plus probables.

De façon plus précise, il s’agit d’un déséquilibre du système immunitaire intestinal qui va répondre de façon exagérée à des bactéries qui le constituent. (9,10)

L’équilibre de celui-ci peut être perturbé par différentes raisons (cause infectieuse, prise d’antibiotiques, grossesse, régime alimentaire) et provoquer une réaction du système immunitaire conduisant à l’apparition d’une MICI. (9,10)


Des facteurs environnementaux (9)

Plusieurs facteurs de risque tels que la pollution, l’alimentation ou le tabac sont suspectés pour leur rôle dans l’apparition de la maladie de Crohn. Certains comportements du quotidien peuvent favoriser l’apparition de la maladie.

Le tabac peut augmenter la gravité des symptômes (nombre de poussées). C’est pourquoi une aide au sevrage tabagique peut être proposée.

Le régime alimentaire, et notamment certaines substances présentes dans les aliments transformés ou ultra-transformés, pourrait être un facteur contribuant au déclenchement de la maladie. Ces substances pourraient contribuer à l’inflammation du tube digestif.





Un impact important sur la qualité de vie


La maladie de Crohn peut être une pathologie assez invalidante.


Elle est compatible avec une vie sociale normale (sport, études ou travail) mais les périodes de poussées peuvent être difficiles à gérer au quotidien. (1)


Pour la vie personnelle et professionnelle, la fatigue, les troubles du sommeil et les diarrhées urgentes pendant les périodes de poussées constituent un véritable handicap. (1)


Les troubles psychologiques comme l’anxiété ou la dépression pourraient également accompagner la maladie de Crohn. C’est un aspect qui doit être pris en compte lors de la prise en charge des patients. (11)


Chez les enfants et les adolescents, la maladie de Crohn peut être à l’origine d’un retard de croissance et de puberté en plus d’impacter la vie scolaire et sociale. (1)




Quiz


VRAI ou FAUX ? Testez vos connaissances sur la maladie de Crohn. Ce sera peut-être l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la maladie et d’échanger avec votre entourage.

La maladie de Crohn est une maladie héréditaire.

La maladie de Crohn n’est pas héréditaire, mais il existe des prédispositions génétiques. Cela signifie que vos enfants auront un risque plus élevé de MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin). On ne sait d’ailleurs pas tout de l’origine de cette maladie très complexe. (9)

La maladie de Crohn peut toucher les enfants

La maladie de Crohn représente 70 % des MICI chez les enfants. Elle débute en moyenne entre 12 et 14 ans. Cette maladie peut être la cause de retard de croissance et/ou de puberté. A cela peuvent s’ajouter des diffcultés scolaires dues à l’impact de la maladie sur la vie quotidienne des patients. (1)

La maladie de Crohn peut être associée à des rhumatismes inflammatoires.

Les rhumatismes inflammatoires, comme les arthropathies périphériques et axiales, peuvent être associés à la maladie de Crohn du fait de l’état d’inflammation générale de l’organisme des personnes atteintes. On parle alors de symptômes extra-intestinaux. (1,3)

La maladie de Crohn augmente le risque d’ostéoporose

Plusieurs facteurs liés à la maladie de Crohn peuvent intervenir dans l’augmentation du risque d’ostéoporose, tels que l’inflammation ou la malabsorption des nutriments. Une alimentation saine et variée avec un apport en nutriments et en calcium pourrait réduire le risque d’ostéoporose.(4)



  1. Ameli. Maladie de Crohn. https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/maladie-crohn (consulté le 02/08/2024)
  2. Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE). Maladie de Crohn. https://www.snfge.org/content/maladie-de-crohn-0 (consulté le 02/08/2024)
  3. Claudepierre P. Les manifestations articulaires des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Post’U 2019.
  4. Felley C et al. Ostéoporose et maladies digestives. Rev Med Suisse. 2006:205–9
  5. Cregg. Espace patient. Les signes de la maladie. https://www.cregg.org/espace-patients/my-mici-book/les-signes-de-la-maladie/ (consulté le 02/08/2024)
  6. Ameli. Colique néphrétique (calcul rénal ou urinaire). https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/assure/sante/urgence/pathologies/colique-nephretique-calcul-renal-urinaire (consulté le
    02/08/2024)
  7. Vidal. Maladie de Crohn. https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/maladie-crohn.html (consulté le 02/08/2024)
  8. Ameli. Fissures anales. https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/fissure-anale (consulté le 02/08/2024)
  9. Inserm. Maladies inflammatoires Chroniques des Intestins. https://www.inserm.fr/dossier/maladies-inflammatoires-chroniques-intestin-mici (consulté le 02/08/2024)
  10. Inserm. Microbiote intestinal (flore intestinale). https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale (consulté le 02/08/2024)
  11. Mitropoulou M, et al. Quality of Life in Patients With Inflammatory Bowel Disease: Importance of Psychological Symptoms. Cureus 2022;14(8)

FR-IMMG-230017 - 09/2024